Telépolis

viernes, 30 de agosto de 2024

Sobre la belleza

 

La question de la beauté est secondaire en peinture, les grands peintres du passé étaient considérés comme tels lorsqu’ils avaient développé du monde une vision à la fois cohérente et innovante ; ce qui signifie qu’ils peignaient toujours de la même manière, qu’ils utilisaient toujours la même méthode, les mêmes modes opératoires pour transformer les objets du monde en objets picturaux ; et que cette manière, qui leur était propre, n’avait jamais été employée auparavant. Ils étaient encore davantage estimés en tant que peintres lorsque leur vision du monde paraissait exhaustive, semblait pouvoir s’appliquer á tous les objets et toutes les situations existants ou imaginables. Telle était la vision classique de la peinture, celle á laquelle Jed eut l’occasion d’être initié pendant ses études secondaires, et qui se basait sur le concept de figuration ; figuration á laquelle Jed devait, pendant quelques années de sa carrière, assez bizarrement, revenir, et qui devait, encore plus bizarrement, lui apporter au bout du compte la fortune et la gloire.

Jed consacra sa vie (du moins sa vie professionnelle, qui devait assez vite se confondre avec l’ensemble de sa vie) á l’art, á la production de représentations du monde, dans lesquelles cependant les gens ne devaient nullement vivre. Il pouvait de ce fait produire des représentations critiques ; critiques dans une certaine mesure, car le mouvement général de l’art comme de la société tout entière portait en ces années de la jeunesse de Jed vers une acceptation du monde, parfois enthousiaste, le plus souvent nuancée d’ironie.

Michel Houellebecq, La carte et le territoire

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