VACANCES FRISSONS !
Afin d’organiser mes vacances d’été,
j’avais acheté à mon agence de voyage un séjour d’une semaine dans le quartier
latin de Paris. Cette fois, j’avais préféré un tourisme « thématique » !
L’agent de voyages nous a offert plusieurs choix : jouer le rôle de flingueur
dans un village du sauvage ouest américain, de prétorien de Néron dans la Rome
impériale, de membre de la résistance française pendant la Seconde Guerre
mondiale… Après avoir relu la brochure de l’agence, mon premier élan s’est
confirmé : vivre sept jours comme un bohème parisien à la fin du dix-neuvième
siècle. J’adore les contrastes ! À l’exception des vacances, je suis un
bourgeois aisé qui a pour principe de s’éloigner de n’importe quelles
extravagances de la vie quotidienne. Néanmoins, pendant les congés, je deviens
un Mr. Hyde de l’exotisme. Ce serait très fort de vous raconter les
destinations les plus canailles et bouleversantes que j’avais choisies ces
dernières années. Cela ne regarde personne ! L’agence La bonne montée
d’adrénaline à Paris nous avait fixé un rendez-vous avant de commencer le
kermès héroïque.
Quand nous sommes arrivés au « siège opérationnel »
situé rue de la Sorbonne, le gérant de la section « événements modernes » a
groupé tous les vacanciers dans un grand salon d’attente.
Ceux qui ont choisi l’option vie bohème, venez par ici. (Il a pris une feuille bleue). Je vais lire vos prénoms : Marcel, le peintre ; Schaunard, le musicien et Rodolphe, le poète ; C’est bien ça ? Giacomo vous amènera tout de suite à la mansarde que vous habiterez ensemble. On imagine qu’il y fait très froid, mais aujourd’hui c’est le quinze juillet, donc, ne vous inquiétez pas. Désormais, vous serez de braves bohémiens. En sortant, ramassez la boîte en carton bleu avec votre prénom, vous y trouverez « la tenue » dont vous aurez besoin. Elle a de jolies puces danseuses quand même ! Allez-y mes enfants (avec la musique de la Marseillaise), la liberté d’esprit, le bonheur dans les chaînes vous attend (et le crétin a éclaté de rire)…
Après avoir monté
l’escalier du bâtiment, nous sommes arrivés à la mansarde du sixième étage.
Giacomo a ouvert la porte qui a grincé sur ses gonds et nous nous sommes
retrouvés dans une pièce carrée sous un plafond graisseux, illuminée par une
petite fenêtre, avec un poêle, une table ronde, trois chaises et une armoire
cassée pleine d’anciens livres de poésie, de partitions poussiéreuses, d’une
palette et de quelques pinceaux sales.
Soudain, nous avons
entendu une belle voix de soprano ; étonnés par ses tristes tons, nous nous
sommes regardés et, en nous bousculant, tous mélangés, nous sommes sortis de la
pièce à toute allure. Nous avons frappé « doucement » à la porte d’où sortait la
voix de la fée, bien que ce n’ait pas été la belle qui nous a reçus, mais un
mec en tenue de soirée, barbu et musclé.
- Le barbu : Salut les artistes ! Si vous voulez connaître Mimi, vous devez
payer un prix supplémentaire. Ce sont les clauses additives du contrat. Vous ne
lisez jamais les petites lignes ?
- Marcel : Tu plaisantes ? C’est une escroquerie quand même !
- Rodolphe : C’est une prostituée ?
- Schaunard : D’abord, nous voudrions la voir et après on verra…
- Le barbu : Oubliez les disputes, elles ne servent à rien.
- Marcel : Je m’en vais.
- Rodolphe : Moi aussi, j’ai besoin de l’air de Paris.
- Schaunard : Je reste ici, l’aventure, c’est l’aventure. Je préfère
bavarder un petit peu avec ce mondain et sa protégée. Il est, à n’en pas
douter, un véritable mécène. Plus tard, nous nous verrons dans le Café Momus
pour faire la fête au quartier Latin.
(À suivre)
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