lunes, 14 de julio de 2025

14 Juillet, Vive la France !

 

MIROIR DE LA FRANCE

Je veux raconter les souvenirs de mon apprentissage du français au baccalauréat, il y a plus de quarante ans. Je jure que les événements insolites qui suivent, et qui seront détaillés par la suite, sont en toute rigueurs véridiques.

À cette époque, le français était la langue principale enseignée dans les classes. Contrairement à aujourd’hui, l’anglais avait disparu des programmes scolaires, et l’on ignore les raisons pédagogiques ou politiques derrière cette décision. Quoi qu'il en soit, le régime franquiste était aussi mal vu par la France que par l’Angleterre. Mais bon, les intentions des dictatures militaires restent souvent très obscures… J’ai passé mon baccalauréat au Lycée public Alfonso VIII (du nom d’un roi du Moyen Âge) de Cuenca, un établissement sérieux et exclusivement masculin (ça va de soi) : le lycée des filles était situé dans une autre partie de la ville. Il s’agissait d’une séparation ontologique, essentielle et dictée par la nature, selon le proviseur, l’évêque et l’élite intellectuelle de la ville. Je suis allé à Cuenca parce que mes parents, tous deux fonctionnaires de l’enseignement, avaient été mutés de Madrid vers cette petite ville de province. J'y ai vécu jusqu'à mes dix-huit ans. Je ne l’oublierai jamais.

La professeure de français s’appelait Doña Teresa. C’était une veuve d’un âge indéfini, petite, brune, un peu dure d’oreille, qui exigeait des élèves un respect strict, mais sans forcément leur rendre la pareille. Elle adorait le cognac, d’après certaines mauvaises langues. On racontait qu’avant le cours, elle prenait deux ou trois bonbons dans les toilettes pour masquer la senteur de la bouteille de SoberanoNous utilisions un livre intitulé « Miroir de la France », une anthologie de textes littéraires, principalement d’auteurs classiques comme Racine, Corneille ou Molière (mais pas Voltaire, interdit par l’Église). Le miroir montrait aussi quelques passages de Sartre (incompréhensibles) ou de Camus (déprimants). C’était un miroir de la France des XVIIe et XVIIIe siècles, car la France contemporaine était une démocratie, et l’on pouvait y poser certaines questions… Le livre comportait également des textes « sur l’actualité de notre pays », ajoutés évidemment, dont les sujets, je me souviens, étaient sportifs (La gloire du Real Madrid), héroïques (L’Espagne, en tête), homophobes (La maladie de notre siècle) ou machistes (La femme au volant). C’était, en somme, la fameuse éducation aux valeurs !

À cette époque, l'enseignement du français se concentrait sur quelques compétences clés. Tout d'abord : la version (français-espagnol) et la version indirecte (espagnol-français) des textes classiques. Après tout, c’est ainsi que les dictionnaires sont présentés. Il est facile d’imaginer la qualité de nos traductions du Cid de Corneille, de Phèdre de Racine ou de Tartuffe de Molière. Pour « corriger les nuances et saisir le sens », Doña Teresa lisait à voix forte les traductions des livres de poche de la collection Austral… que personne n’écoutait. Peu importait. Heureusement, aux examens, nous avions à résoudre des phrases comme : « ma mère m’aime », c’est-à-dire « je suis aimé par ma mère ». Parfois, la justice existe dans le monde. Cependant, la moitié de la classe échouait toujours à l’examen. Pour la partie « thème », elle nous apportait des copies de textes du Don Quijote, du Lazarillo ou de La Celestina… Glorieux et mémorable fut notre début du Quijote ou les lamentations de Calixte pour la mort de Mélibée… Heureusement, le « thème » ne faisait pas partie de l’examen. Quel soulagement, mon Dieu ! Comme le dit le dicton : « Le bon Dieu serre la corde autour du cou, il serre, il serre, mais ne va pas jusqu’au bout».

Il faut remarquer que nous ne parlions jamais en français ; seulement certaines expressions que le serveur du bar au coin connaissait. C’est le français touristique, le registre Benidorm ! Le but, c’était le vocabulaire. Doña Teresa nous obligeait à préparer un tas de fiches « par ordre d’importance lexicale ». La professeure était une défenseuse acharnée d’une devise qui commençait à monter dans la liste des succès : « apprendre le français en mille mots ». La bêtise, c’était ça.

Elle faisait l’appel et puis, par hasard :

- Rodolfo (en espagnol, évidemment), est-ce que tu as apporté les fiches de vocabulaire ? Donne-les-moi. [Alors, elle mélangeait les fiches et en prenait une].

- Voyons, Roberto ou Rodrigo ? Qu’est-ce que signifie le mot pourtant ?

Por tanto, Madame…

Por tanto, mon petit, tu es stupide… je vous ai répété deux mille fois que... Tu es sourd, donc. La classe en général est une nullité. Qu’est-ce que tu préfères, un zéro ou être exécuté au lever du jour ?

- Être exécuté, madame.

- Pourtant, je vous mettrai un zéro. Et disparais de ma vue.

Souvent, la classe chantait en chœur et par cœur. On apprenait la conjugaison verbale de cette manière. Elle écrivait sur le tableau les temps verbaux du verbe parler, l’unique que nous connaissions, et nous hurlions à tue-tête… Au fond, on écoutait le rythme monotone des quelques propos obscènes, licencieux, qui rimaient avec la conjugaison. Heureusement, la surdité la sauvait du mauvais goût de mes camarades. Nous chantions aussi des chansons célèbres, comme Sous le pont d’AvignonDans le jardin de FranceFrère Jacques... et, quand Doña Teresa avait dépassé les niveaux d’alcool dans le sang, nous chantions La Marseillaise.

C’était la guerre. Don Miguel, le professeur de philosophie de la classe d’à côté, frappait à notre porte et entrait très pâle : Ça fait peur Teresa, je l’annonce, un jour tu seras guillotinée !  

viernes, 11 de julio de 2025

Libertad de cátedra

 

Los derechos a la libertad de pensamiento y expresión sin imposiciones ideológicas ni limitaciones filisteas son los dos principios constituyentes de una democracia representativa. Todos los demás derechos y libertades fundamentales son su desarrollo implícito y consecuente. Una garantía del ejercicio de ambos derechos es el reconocimiento a la libertad de cátedra recogido en el artículo 20 1.c de la Constitución española que permite a los docentes ejercer su profesión basándose en sus conocimientos, procedimientos y convicciones. Hasta aquí el intachable significado ético de la letra.

Es sabido que Aristóteles en la Ética a Nicómaco define la virtud como un justo punto medio entre dos extremos igualmente viciados, uno por defecto y otro por exceso. Puso ejemplos referidos a la valentía, la generosidad, la templanza, la prudencia o la veracidad. Un ejemplo actual de la sinrazón de ambos extremos sería el uso de la libertad de cátedra en los centros de enseñanza secundaria.

Por defecto. La Inspección reduce al mínimo los trámites de supervisión del funcionamiento académico de los centros privados y concertados al comenzar, durante y al acabar el curso. Especialmente los de titularidad eclesiástica, sobre todo católicos, que combinan la enseñanza con la formación en valores religiosos. El inspector de zona se limita a recibir por email desde hace años los mismos archivos (no más de quince páginas) de la programación inicial y la memoria final en los que sólo cambia la fecha de la portada. Todas las rutinas y pequeños conflictos se resuelven por teléfono. Las visitas obligatorias de los inspectores confirman que todo está en orden. Sólo se presentan con urgencia en los despachos del último piso si la prensa se hace eco de algún problema con repercusión política. Comienzan entonces los informes previos que terminarán en un conciliador juicio salomónico. No conviene crear problemas donde no los hay o, más bien, donde no es posible resolverlos. 

Antes de iniciarse las clases el director reúne a la plantilla de profesores para informarles del ideario de la casa con temple firme pero flexible, como el acero toledano. Que nadie se llame a engaño. Hay asignaturas especialmente sensibles a la divergencia, la historia, la literatura, la filosofía, el idioma (no todo es gramática). Los veteranos saben a qué atenerse, conocen de sobra el alcance y límites de la “libertad de cátedra”. Si algún veinteañero novato o algún treintañero demasiado consciente de sus derechos los reivindica en el aula recibe una suave pero clara advertencia del jefe de estudios para enderezar el rumbo; si insiste en la heterodoxia doctrinal, al terminar el curso recibe una carta de la dirección donde le agradecen los servicios prestados y le desean suerte en su próximo destino.

Por exceso. En los centros de titularidad pública ocurre lo contrario. Las exigencias burocráticas de control académico son exhaustivas. Los inspectores de zona con nombre y apellidos envían una circular a los directores de los institutos que a su vez la remiten a los jefes de departamento donde se detallan los apartados que deben ser abordados en la programación didáctica: Justificación, Contexto, Competencias clave, Objetivos Didácticos, Contenidos, Temporización, Metodología, Evaluación, Atención a la diversidad, Situaciones de Aprendizaje, Recursos, Bibliografía… Otro tanto ocurre con la memoria final de curso: Introducción, Organización y funcionamiento del departamento, Cumplimiento de la programación didáctica, Actividades extraescolares y complementarias, Resultados académicos, Valoración general, Relaciones con otros departamentos e instituciones, Anexos.

La realidad. Los profesores del departamento de la asignatura de… que se conocen desde hace años se reúnen en el bar de siempre cerca del instituto, se cuentan cómo están, la familia qué tal y dónde han pasado las vacaciones. Después se reparten los grupos que les han asignado este curso. Invita el jefe según la tradición y se despiden hasta el día de reiniciar el ciclo del eterno retorno de lo idéntico. Cada cual sabe lo que tiene que hacer en clase, se coordina consigo mismo y nadie le pide explicaciones ni se mete en lo que no le importa. Enseñanza personalizada. Libertad de cátedra.