TRIBUS URBAINES
C’est clair, il y a des pijos et des pijas. Aujourd’hui, je veux parler des
deuxièmes (l’espace et le temps, c’est tout !) à cause de leur « classe » ;
aussi par la haine qu’elles ressentent pour le reste des femmes et, de plus,
grâce au « glamour désirant » qu’elles suscitent chez les hommes de n’importe
quel âge et condition.
Les pijas, comme tribu urbaine, ont l’air de vivre en harmonie et de former
un groupe homogène ; néanmoins, elles entretiennent des querelles et des
ressentiments permanents, d’habitude pour imaginer qui est la meilleure et la
plus belle quand elles se regardent dans le miroir. Elles sont très envieuses
et jalouses. En général, elles sont assez « libertines », bien qu’elles
critiquent ce trait chez les autres. C’est curieux que les parents des pijas
aient tendance à croire tout ce qu’elles racontent et aussi la disposition à
les placer à côté d’eux dans la première file de la messe du dimanche matin.
Elles remarquent tout à fait la différence entre les parvenus (qu’elles
méprisent) et les fils à papa (qu’elles poursuivent). Quand elles sont
ensemble, elles meurent de rire, mais elles descendent les autres en flammes
dans leur dos : si l’une s’en va, sa meilleure amie laisse échapper
immédiatement que celle-ci « a bougé son gros cul » et celle qui part dit
quelque chose de semblable à sa compagne.
Les études préférées des pijas sont l’économie, le droit et le journalisme
; une pija n’étudiera jamais les beaux-arts, la philologie ou la philosophie.
En ce qui concerne la musique, elles aiment le flamenco, les sevillanas, la
salsa et Bisbal (un maçon très sympa). Elles portent des vêtements à la « mode
éternelle », comme les chemisettes Lacoste, les chemisiers Tommy Hilfiger ou
Quicksilver et sont très attentives aux nouveautés-saison des boutiques comme
Zara.
Depuis qu’elles naissent, toutes souffrent du « complexe de droite ». Elles
sont apolitiques-chic ; bavarder de politique est mal vu, mais beaucoup
appartiennent aux jeunes du PP. Elles font partie de la nouvelle génération des
neocons qui dirigeront le pays. Elles sont l’archétype féminin de la classe
dominante. On achète l’intelligence ! N’oubliez pas, donc, que vous ne pourrez
point entrer dans leur cercle magique ; en revanche, vous pourrez parler avec
elles, leur prêter les notes, leur donner du tabac… Mais vous ne serez jamais
une pija, on ne le devient pas, on naît comme ça.
En été, il est nécessaire que les vacances des pijas soient à Marbella,
Jávea, Sanxenxo, Santi Petri ou le Puerto de Santa María. En hiver, il y a des
options : faire du ski à Baqueira, avec les rois et Aznar, ou, au contraire,
faire des voyages transatlantiques (Cancún, Martinique, Miami).
Si parfois vous entendez dans la rue : « c’est idéal » ou « c’est mortel », « tu es parfaite », « tu es divine », « je voudrais avoir la carte pour aller à Green » ou « ne me dites pas que Carla sort avec BorjaMari, elle est super grosse, il est beau et son père est juge »… N’hésitez pas : si vous tournez la tête, vous verrez au moins deux pijas… La pija a toujours un petit ami, c’est normal. Il s’agit d’un gars pijo. Mais c’est une autre histoire à la fois identique et différente.
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