miércoles, 14 de julio de 2021

14 Juillet, Vive la France !

 

L’AMUSETTE

À cette époque-là, quand nous étions étudiants universitaires, nous ne cessions pas de nous battre contre la modeste catégorie d’amusette. Les modes intellectuelles, les tendances culturelles, l’élan snob, tous ensemble nous entraînaient vers les ciné-clubs comme des troupeaux illustrés pour nous avaler une pagaille de films ennuyeux de « arte y ensayo » (une expression encore à développer). Je ne dis pas qu’il s’agissait de mauvais films, au contraire, mais de films soporifiques… Nous tenions pour indispensables les films d'Ingmar Bergman, Jiri Menzel ou Jean-Luc Godard. En Espagne, le cinéma engagé, en général obscur, flou, était simplement interdit. L’après-midi, nous étions obligés de nous asseoir dans le fauteuil de la salle initiatique, ouvrir bien les yeux et attendre heureusement le commencement de la torture.

Un tas d’années plus tard, je me souviens de la bruyante polémique qui éclata à Madrid à propos du film « Parc Jurassique » de Steven Spielberg. Les « apocalyptiques » poussèrent les hauts cris, car le film, à leur avis, n’avait ni « profondeur thématique » ni « crédibilité artistique ». En revanche, les « intégrés », qui s’étaient déjà amusés avec le film sans avoir de préjugés, défendirent le droit de n’importe qui à l’amusette : c’était une visite inattendue et insouciante au jurassique de rêve. En plus, nous étions étonnés du réalisme incroyable des différentes espèces de dinosaures, du laboratoire où ils étaient clonés et des paysages trop vastes de l’île caraïbe.

Un autre exemple encore. Imaginez-vous : vendredi après-midi, vous êtes complètement abandonné à la maison, votre femme est sortie avec ses amies pour admirer les vitrines dans le centre-ville, votre fils est en train de faire un voyage à la montagne avec ses copains. Le boulot fatigant est fini jusqu'à lundi. C’est juste le moment de choisir dans les étagères le DVD du film Le Seigneur des Anneaux : voilà le triomphe jamais définitif, mais apaisant quand même, du Bien sur le Mal. Sur le canapé, nous pourrons savourer sans soucis, sans risques, les aventures passionnantes de la communauté de l’anneau ; leur action trépidante, leurs nouveautés permanentes, l’intensité des stimulations visuelles et sonores… en font un film tellement amusant.


(A suivre)

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