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lunes, 14 de julio de 2025

14 Juillet, Vive la France !

 

MIROIR DE LA FRANCE

Je veux raconter les souvenirs de mon apprentissage du français au baccalauréat, il y a plus de quarante ans. Je jure que les événements insolites qui suivent, et qui seront détaillés par la suite, sont en toute rigueurs véridiques.

À cette époque, le français était la langue principale enseignée dans les classes. Contrairement à aujourd’hui, l’anglais avait disparu des programmes scolaires, et l’on ignore les raisons pédagogiques ou politiques derrière cette décision. Quoi qu'il en soit, le régime franquiste était aussi mal vu par la France que par l’Angleterre. Mais bon, les intentions des dictatures militaires restent souvent très obscures… J’ai passé mon baccalauréat au Lycée public Alfonso VIII (du nom d’un roi du Moyen Âge) de Cuenca, un établissement sérieux et exclusivement masculin (ça va de soi) : le lycée des filles était situé dans une autre partie de la ville. Il s’agissait d’une séparation ontologique, essentielle et dictée par la nature, selon le proviseur, l’évêque et l’élite intellectuelle de la ville. Je suis allé à Cuenca parce que mes parents, tous deux fonctionnaires de l’enseignement, avaient été mutés de Madrid vers cette petite ville de province. J'y ai vécu jusqu'à mes dix-huit ans. Je ne l’oublierai jamais.

La professeure de français s’appelait Doña Teresa. C’était une veuve d’un âge indéfini, petite, brune, un peu dure d’oreille, qui exigeait des élèves un respect strict, mais sans forcément leur rendre la pareille. Elle adorait le cognac, d’après certaines mauvaises langues. On racontait qu’avant le cours, elle prenait deux ou trois bonbons dans les toilettes pour masquer la senteur de la bouteille de SoberanoNous utilisions un livre intitulé « Miroir de la France », une anthologie de textes littéraires, principalement d’auteurs classiques comme Racine, Corneille ou Molière (mais pas Voltaire, interdit par l’Église). Le miroir montrait aussi quelques passages de Sartre (incompréhensibles) ou de Camus (déprimants). C’était un miroir de la France des XVIIe et XVIIIe siècles, car la France contemporaine était une démocratie, et l’on pouvait y poser certaines questions… Le livre comportait également des textes « sur l’actualité de notre pays », ajoutés évidemment, dont les sujets, je me souviens, étaient sportifs (La gloire du Real Madrid), héroïques (L’Espagne, en tête), homophobes (La maladie de notre siècle) ou machistes (La femme au volant). C’était, en somme, la fameuse éducation aux valeurs !

À cette époque, l'enseignement du français se concentrait sur quelques compétences clés. Tout d'abord : la version (français-espagnol) et la version indirecte (espagnol-français) des textes classiques. Après tout, c’est ainsi que les dictionnaires sont présentés. Il est facile d’imaginer la qualité de nos traductions du Cid de Corneille, de Phèdre de Racine ou de Tartuffe de Molière. Pour « corriger les nuances et saisir le sens », Doña Teresa lisait à voix forte les traductions des livres de poche de la collection Austral… que personne n’écoutait. Peu importait. Heureusement, aux examens, nous avions à résoudre des phrases comme : « ma mère m’aime », c’est-à-dire « je suis aimé par ma mère ». Parfois, la justice existe dans le monde. Cependant, la moitié de la classe échouait toujours à l’examen. Pour la partie « thème », elle nous apportait des copies de textes du Don Quijote, du Lazarillo ou de La Celestina… Glorieux et mémorable fut notre début du Quijote ou les lamentations de Calixte pour la mort de Mélibée… Heureusement, le « thème » ne faisait pas partie de l’examen. Quel soulagement, mon Dieu ! Comme le dit le dicton : « Le bon Dieu serre la corde autour du cou, il serre, il serre, mais ne va pas jusqu’au bout».

Il faut remarquer que nous ne parlions jamais en français ; seulement certaines expressions que le serveur du bar au coin connaissait. C’est le français touristique, le registre Benidorm ! Le but, c’était le vocabulaire. Doña Teresa nous obligeait à préparer un tas de fiches « par ordre d’importance lexicale ». La professeure était une défenseuse acharnée d’une devise qui commençait à monter dans la liste des succès : « apprendre le français en mille mots ». La bêtise, c’était ça.

Elle faisait l’appel et puis, par hasard :

- Rodolfo (en espagnol, évidemment), est-ce que tu as apporté les fiches de vocabulaire ? Donne-les-moi. [Alors, elle mélangeait les fiches et en prenait une].

- Voyons, Roberto ou Rodrigo ? Qu’est-ce que signifie le mot pourtant ?

Por tanto, Madame…

Por tanto, mon petit, tu es stupide… je vous ai répété deux mille fois que... Tu es sourd, donc. La classe en général est une nullité. Qu’est-ce que tu préfères, un zéro ou être exécuté au lever du jour ?

- Être exécuté, madame.

- Pourtant, je vous mettrai un zéro. Et disparais de ma vue.

Souvent, la classe chantait en chœur et par cœur. On apprenait la conjugaison verbale de cette manière. Elle écrivait sur le tableau les temps verbaux du verbe parler, l’unique que nous connaissions, et nous hurlions à tue-tête… Au fond, on écoutait le rythme monotone des quelques propos obscènes, licencieux, qui rimaient avec la conjugaison. Heureusement, la surdité la sauvait du mauvais goût de mes camarades. Nous chantions aussi des chansons célèbres, comme Sous le pont d’AvignonDans le jardin de FranceFrère Jacques... et, quand Doña Teresa avait dépassé les niveaux d’alcool dans le sang, nous chantions La Marseillaise.

C’était la guerre. Don Miguel, le professeur de philosophie de la classe d’à côté, frappait à notre porte et entrait très pâle : Ça fait peur Teresa, je l’annonce, un jour tu seras guillotinée !  

domingo, 14 de julio de 2024

14 Juillet, Vive la France !

 

CONTRE LA POLITIQUE

La politique, la voilà de nouveau ! C’est la seule façon vraiment efficace de changer le monde, au point qu’on doive y contribuer activement pour soutenir un événement social important… cela va sans dire. Avant de vous engager dans n’importe quelle cause, il est essentiel de considérer les règles du langage politique que Machiavel (1469-1527), le maître penseur de la Renaissance, a établies pour toujours. C'est-à-dire, la politique telle qu'elle est, et non pas comme elle devrait être.

D’abord, la politique n’est subordonnée ni à la religion (comme le prétendent les évêques catholiques) ni à l’éthique. Un exemple en ce qui concerne cette dernière : les défenseurs de l’universalisme éthique proposent que l’ordre juridique qui structure la société civile doive reconnaître, protéger et développer les droits humains reconnus par la communauté internationale. Néanmoins, ces droits sont en réalité l’huile qui sert à graisser les grandes affaires du capitalisme industriel et financier. La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme est le cadre idéologique et légal de la société libérale. 

La politique ne dépend pas non plus de l’anthropologie. La pensée libérale considère que « l’analyse rationnelle de la condition humaine » révèle deux vérités « naturelles » : le droit illimité de l’homme à l’initiative individuelle et à la propriété privée. Tous deux sont les piliers nécessaires d’une société juste. Voilà la devise « Laissez faire, laissez passer, le monde va de lui-même ». Bien que dans la pratique, il s’agisse d’une conception philosophique qui est utile pour les pouvoirs factuels de la banque et des marchés. De plus, il n’existe pas de « droits naturels », tous les droits sont historiques. 

D’autre part, l’utopie n’est pas le propre de la politique. Une idée exprimée actuellement dans d’inquiétants projets technocratiques, des fantômes cyber-génétiques ou des programmes cryptocommunistes qui spéculent avec des chimères… tandis que la droite pilote tranquillement le bateau. La politique, est-ce une activité rationnelle ? Pas du tout. Malgré tous les arguments que nous présentons pour une idée, un programme (que nous ne lisons jamais) ou un parti politique, finalement ce n’est pas la tête qui décide l’orientation du suffrage ; ce sont plutôt les sentiments intimes d’approbation ou de désapprobation, les préjugés bavards et l’influence involontaire de l’éducation familiale.

Le langage de la politique n’obéit même pas aux règles de la logique. C’est tout à fait valide pour un dirigeant politique de soutenir des idées en gouvernant et justement les contraires quand il se trouve dans l’opposition. Même si un parti gouverne (ou se trouve dans l’opposition), il modifiera ses principes en fonction des sondages, de la conjoncture précise ou de l’équilibre intérieur.

Toutes ces considérations que nous avons soulignées ne signifient point que la politique soit contraire à la religion, à l’éthique, à la condition humaine, à la raison pratique ou à la logique. Depuis toujours, un politique sage (c'est-à-dire, le prince de Machiavel) devra les utiliser tout le temps pour accomplir ses buts. Le prince devra simuler, respecter, accomplir, s’adapter… à condition que sa conduite serve au gouvernement de la nation. Mais s’il fallait faire le contraire pour obtenir le bien commun, il n’hésitera jamais à l’exécuter avec la même fermeté.

La seule méthode et la fin du prince consistent à obtenir, maintenir et étendre le pouvoir, s’il veut parvenir à ses fins. La fin justifie toujours les moyens. L’amour illimité du pouvoir, c’est la seule garantie du gouvernement correct. La politique, c’est comme ça !

viernes, 14 de julio de 2023

14 Juillet, Vive la France !

VACANCES FRISSONS ! 

Afin d’organiser mes vacances d’été, j’avais acheté à mon agence de voyage un séjour d’une semaine dans le quartier latin de Paris. Cette fois, j’avais préféré un tourisme « thématique » ! L’agent de voyages nous a offert plusieurs choix : jouer le rôle de flingueur dans un village du sauvage ouest américain, de prétorien de Néron dans la Rome impériale, de membre de la résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale… Après avoir relu la brochure de l’agence, mon premier élan s’est confirmé : vivre sept jours comme un bohème parisien à la fin du dix-neuvième siècle. J’adore les contrastes ! À l’exception des vacances, je suis un bourgeois aisé qui a pour principe de s’éloigner de n’importe quelles extravagances de la vie quotidienne. Néanmoins, pendant les congés, je deviens un Mr. Hyde de l’exotisme. Ce serait très fort de vous raconter les destinations les plus canailles et bouleversantes que j’avais choisies ces dernières années. Cela ne regarde personne ! L’agence La bonne montée d’adrénaline à Paris nous avait fixé un rendez-vous avant de commencer le kermès héroïque.

Quand nous sommes arrivés au « siège opérationnel » situé rue de la Sorbonne, le gérant de la section « événements modernes » a groupé tous les vacanciers dans un grand salon d’attente.

Ceux qui ont choisi l’option vie bohème, venez par ici. (Il a pris une feuille bleue). Je vais lire vos prénoms : Marcel, le peintre ; Schaunard, le musicien et Rodolphe, le poète ; C’est bien ça ? Giacomo vous amènera tout de suite à la mansarde que vous habiterez ensemble. On imagine qu’il y fait très froid, mais aujourd’hui c’est le quinze juillet, donc, ne vous inquiétez pas. Désormais, vous serez de braves bohémiens. En sortant, ramassez la boîte en carton bleu avec votre prénom, vous y trouverez « la tenue » dont vous aurez besoin. Elle a de jolies puces danseuses quand même ! Allez-y mes enfants (avec la musique de la Marseillaise), la liberté d’esprit, le bonheur dans les chaînes vous attend (et le crétin a éclaté de rire)… 

Après avoir monté l’escalier du bâtiment, nous sommes arrivés à la mansarde du sixième étage. Giacomo a ouvert la porte qui a grincé sur ses gonds et nous nous sommes retrouvés dans une pièce carrée sous un plafond graisseux, illuminée par une petite fenêtre, avec un poêle, une table ronde, trois chaises et une armoire cassée pleine d’anciens livres de poésie, de partitions poussiéreuses, d’une palette et de quelques pinceaux sales.

Soudain, nous avons entendu une belle voix de soprano ; étonnés par ses tristes tons, nous nous sommes regardés et, en nous bousculant, tous mélangés, nous sommes sortis de la pièce à toute allure. Nous avons frappé « doucement » à la porte d’où sortait la voix de la fée, bien que ce n’ait pas été la belle qui nous a reçus, mais un mec en tenue de soirée, barbu et musclé.

- Le barbu : Salut les artistes ! Si vous voulez connaître Mimi, vous devez payer un prix supplémentaire. Ce sont les clauses additives du contrat. Vous ne lisez jamais les petites lignes ?

- Marcel : Tu plaisantes ? C’est une escroquerie quand même !

- Rodolphe : C’est une prostituée ?

- Schaunard : D’abord, nous voudrions la voir et après on verra…

- Le barbu : Oubliez les disputes, elles ne servent à rien.

- Marcel : Je m’en vais.

- Rodolphe : Moi aussi, j’ai besoin de l’air de Paris.

- Schaunard : Je reste ici, l’aventure, c’est l’aventure. Je préfère bavarder un petit peu avec ce mondain et sa protégée. Il est, à n’en pas douter, un véritable mécène. Plus tard, nous nous verrons dans le Café Momus pour faire la fête au quartier Latin.

(À suivre)

jueves, 14 de julio de 2022

14 Juillet, Vive la France !

 

LANCER L'ARGENT PAR LA FENÊTRE !

Enfin, la citoyenne Thérèse Lagarde a reçu le prix de 100.000 euros qu’elle avait remporté il y a trois semaines. Le maire de Dijon a permis, après de longues discussions au sein du Conseil Municipal, de lancer trois quarts de l'argent par la fenêtre centrale de l’hôtel de ville. Radio France Loisir (RFL), la station qui a organisé le drôle de jeu appelé « La bonne fée », a fixé comme condition pour livrer l'argent que les idées folles qui avaient obtenu le prix devraient être mises en œuvre au pied de la lettre. Les promoteurs ont décidé, donc, de rester fidèles à la devise du concours : « Pour que vos désirs n’avalent pas n’importe quoi… faites les croquer ! »

Eh bien, exactement 75.000 euros ne seront pas jetés car Monsieur Horace Deschamps, le maire, a gardé 25.000 euros sans expliquer pour le moment le but.

En tout cas, un autre problème est apparu : l’officier supérieur de la gendarmerie à Lyon, Monsieur Armand López, a confirmé bel et bien que l'initiative est très dangereuse en ce qui concerne l'ordre public, même pour l'intégrité physique des personnes. Avec ses mots : « Nous pouvons assister à la plus grande manifestation qui a eu lieu en France depuis celle de sa libération en 1944. Si ce fou… pardon, si cet homme chanceux fait ce qu'il dit, le bazar est assuré. » Tout de suite, en chantant, il a commencé à imiter le « rrr » roulé alvéolaire voisé d’Edith Piaf.

 

Emportés par la foule

qui nous traîne Nous entraîne

Écrasés l'un contre l'autre

Nous ne formons qu'un seul corps

Et le flot sans effort

Nous pousse, enchaînés l'un et l'autre

Et nous laisse tous deux

Épanouis, enivrés et heureux.

 

Ou peut-être écrabouillés, il a ajouté avant de quitter la salle où s’est tenue la conférence de presse.

La solution que mademoiselle Lagarde a trouvée au gros problème, un compliqué ménage à quatre, est tout à fait géniale : elle (c’est-à-dire, la solution) plaît au maire, satisfait des conditions de la RFL et, en plus, débarrasse la Gendarmerie d’un grave souci.

Voici la clé : Comme convenu, le maire recevra l’argent promis comptant et trébuchant ; l’officier supérieur de la gendarmerie obtiendra, à son tour, un bonus de dix mille euros pour « sa collaboration » ; et la rusée jeune femme versera la somme restante sur un compte bancaire (le sien, évidemment). Jour après jour, Thérèse lancera depuis la fenêtre à n’importe quelle heure de la journée (probablement durant la nuit obscure) une pièce de monnaie d’un centime d’euro. Elle dépensera trois euros et soixante centimes chaque année… Quand le journaliste du magazine Femme actuelle a demandé à Thérèse si elle espère demeurer sur la terre seize mille ans environ, elle a répondu en chantant très doucement :

 

La vie est belle même si c’est vrai qu’parfois le destin s’en écarte.

Faut vivre ta vie comme si tu mourrais demain.

Profite de chaque instant avant qu’la mort vienne

te dire faut qu’tu partes.

Car il sera trop tard pour te reprendre en main.

 

Post-scriptum : Si Thérèse dépose l’argent à La Banque Nationale de Paris, cette centenaire et respectable institution lui donnera un taux d'intérêt de quatre pour cent annuel révisable à la hausse. Faites vous-même les comptes !

miércoles, 14 de julio de 2021

14 Juillet, Vive la France !

 

L’AMUSETTE

À cette époque-là, quand nous étions étudiants universitaires, nous ne cessions pas de nous battre contre la modeste catégorie d’amusette. Les modes intellectuelles, les tendances culturelles, l’élan snob, tous ensemble nous entraînaient vers les ciné-clubs comme des troupeaux illustrés pour nous avaler une pagaille de films ennuyeux de « arte y ensayo » (une expression encore à développer). Je ne dis pas qu’il s’agissait de mauvais films, au contraire, mais de films soporifiques… Nous tenions pour indispensables les films d'Ingmar Bergman, Jiri Menzel ou Jean-Luc Godard. En Espagne, le cinéma engagé, en général obscur, flou, était simplement interdit. L’après-midi, nous étions obligés de nous asseoir dans le fauteuil de la salle initiatique, ouvrir bien les yeux et attendre heureusement le commencement de la torture.

Un tas d’années plus tard, je me souviens de la bruyante polémique qui éclata à Madrid à propos du film « Parc Jurassique » de Steven Spielberg. Les « apocalyptiques » poussèrent les hauts cris, car le film, à leur avis, n’avait ni « profondeur thématique » ni « crédibilité artistique ». En revanche, les « intégrés », qui s’étaient déjà amusés avec le film sans avoir de préjugés, défendirent le droit de n’importe qui à l’amusette : c’était une visite inattendue et insouciante au jurassique de rêve. En plus, nous étions étonnés du réalisme incroyable des différentes espèces de dinosaures, du laboratoire où ils étaient clonés et des paysages trop vastes de l’île caraïbe.

Un autre exemple encore. Imaginez-vous : vendredi après-midi, vous êtes complètement abandonné à la maison, votre femme est sortie avec ses amies pour admirer les vitrines dans le centre-ville, votre fils est en train de faire un voyage à la montagne avec ses copains. Le boulot fatigant est fini jusqu'à lundi. C’est juste le moment de choisir dans les étagères le DVD du film Le Seigneur des Anneaux : voilà le triomphe jamais définitif, mais apaisant quand même, du Bien sur le Mal. Sur le canapé, nous pourrons savourer sans soucis, sans risques, les aventures passionnantes de la communauté de l’anneau ; leur action trépidante, leurs nouveautés permanentes, l’intensité des stimulations visuelles et sonores… en font un film tellement amusant.


(A suivre)

martes, 14 de julio de 2020

14 Juillet, Vive la France !

UNE RENCONTRE AMOUREUSE

Après finir le dernière cours de Bac au Lycée j’ai fait un voyage à Toledo avec mes camarades de classe. Quand nous sommes arrivés à Toledo nous visitâmes les principaux monuments artistiques et l’après-midi nous nous assîmes sur les chaises d’un café de la Plaza de Zocodover.

Tout à coup, une excursion de jeunes filles est descendue du bus et s’est approchée. Elles étaient habillées avec une tenue de collégiale. Mon ami Miguel et moi avons invité deux filles à partager la table. « Attendez un instant, dirent-elles, nous revenons tout de suite ».

Elles s`appelaient Meli, c'est à dire, Amelia y Rosa. Nous avons bavardé avec elles pendant une demi-heure. Elles semblaient très gentilles. Elles avaient un doux accent andalou. Avant partir, nous leur avons demandé l’adresse afin de leur écrire. Elles habitaient à Séville. J’étais très impressionné. C’était un coup de foudre, évidement ! J’avais envie de connaître mieux Mali. Au dernier moment je lui demandé son téléphone. 

À partir de ce moment-là, j’ai entretenu un courrier avec Mali d’une lettre par mois pendant dix ans. Nous nous racontions ce que nous faisions, les joies et les chagrins, les succès et les échecs, les amours et les désamours.

Lorsque je lui ai écrit la première lettre, Mali avait 17 ans. Dix ans plus tard elle m’a écrit dans sa dernière lettre qu’elle était sur le point de se marier.

À la fin du printemps je voyageais avec mon oncle Gustavo dans L’Andalousie pour engager les lots d’olives de son moulin à huile à Cuenca. À ce moment-là, j’avais une petite amie, quoiqu’elle ne soit pas maintenant ma femme. Quand nous sommes arrivés a Séville, j’ai passé à Mali un coup de fil ; c’était l’unique fois que j’avais utilisé son numéro de téléphone. Quand elle a décroché elle ne savait pas quoi dire… Mais aujourd’hui je suis sûr qu’elle était très contente d’entendre ma voix après d’océans de temps.

Elle m’a fixé un rendez-vous devant la cathédral, au pied de la Giralda, et quand je l’ai vue de nouveau, belle, brune comme une princesse arabe, les yeux noirs pleins de mystère, elle avait l’air de la femme la plus charmante d’Andalousie…

domingo, 14 de julio de 2019

14 Juillet, Vive la France !

 

TRIBUS URBAINES

C’est clair, il y a des pijos et des pijas. Aujourd’hui, je veux parler des deuxièmes (l’espace et le temps, c’est tout !) à cause de leur « classe » ; aussi par la haine qu’elles ressentent pour le reste des femmes et, de plus, grâce au « glamour désirant » qu’elles suscitent chez les hommes de n’importe quel âge et condition.

Les pijas, comme tribu urbaine, ont l’air de vivre en harmonie et de former un groupe homogène ; néanmoins, elles entretiennent des querelles et des ressentiments permanents, d’habitude pour imaginer qui est la meilleure et la plus belle quand elles se regardent dans le miroir. Elles sont très envieuses et jalouses. En général, elles sont assez « libertines », bien qu’elles critiquent ce trait chez les autres. C’est curieux que les parents des pijas aient tendance à croire tout ce qu’elles racontent et aussi la disposition à les placer à côté d’eux dans la première file de la messe du dimanche matin.

Elles remarquent tout à fait la différence entre les parvenus (qu’elles méprisent) et les fils à papa (qu’elles poursuivent). Quand elles sont ensemble, elles meurent de rire, mais elles descendent les autres en flammes dans leur dos : si l’une s’en va, sa meilleure amie laisse échapper immédiatement que celle-ci « a bougé son gros cul » et celle qui part dit quelque chose de semblable à sa compagne.

Les études préférées des pijas sont l’économie, le droit et le journalisme ; une pija n’étudiera jamais les beaux-arts, la philologie ou la philosophie. En ce qui concerne la musique, elles aiment le flamenco, les sevillanas, la salsa et Bisbal (un maçon très sympa). Elles portent des vêtements à la « mode éternelle », comme les chemisettes Lacoste, les chemisiers Tommy Hilfiger ou Quicksilver et sont très attentives aux nouveautés-saison des boutiques comme Zara.

Depuis qu’elles naissent, toutes souffrent du « complexe de droite ». Elles sont apolitiques-chic ; bavarder de politique est mal vu, mais beaucoup appartiennent aux jeunes du PP. Elles font partie de la nouvelle génération des neocons qui dirigeront le pays. Elles sont l’archétype féminin de la classe dominante. On achète l’intelligence ! N’oubliez pas, donc, que vous ne pourrez point entrer dans leur cercle magique ; en revanche, vous pourrez parler avec elles, leur prêter les notes, leur donner du tabac… Mais vous ne serez jamais une pija, on ne le devient pas, on naît comme ça.

En été, il est nécessaire que les vacances des pijas soient à Marbella, Jávea, Sanxenxo, Santi Petri ou le Puerto de Santa María. En hiver, il y a des options : faire du ski à Baqueira, avec les rois et Aznar, ou, au contraire, faire des voyages transatlantiques (Cancún, Martinique, Miami).

Si parfois vous entendez dans la rue : « c’est idéal » ou « c’est mortel », « tu es parfaite », « tu es divine », « je voudrais avoir la carte pour aller à Green » ou « ne me dites pas que Carla sort avec BorjaMari, elle est super grosse, il est beau et son père est juge »… N’hésitez pas : si vous tournez la tête, vous verrez au moins deux pijas… La pija a toujours un petit ami, c’est normal. Il s’agit d’un gars pijo. Mais c’est une autre histoire à la fois identique et différente.

sábado, 14 de julio de 2018

14 Juillet, Vive la France !

L’EGLISE DE SAINT-PIERRE DE LA CITE DU VATICAN

J’ai fait deux voyages à Rome : le premier quand j’étais célibataire, il y a longtemps, une sorte de Grand Tour ; le deuxième au printemps de l’année dernière. Il s’agit de deux visions complémentaires.

Je voudrais raconter quelques impressions de ma dernière visite à l’Église de Saint-Pierre de la cité du Vatican.

À mes yeux, le Vatican ne se trouve pas à Rome car celle-ci est seulement un domaine, une prolongation de l’autorité du Saint-Siège. C’est le Vatican qui a accordé le droit d’extraterritorialité à la Cité Éternelle : il faut parcourir dans le sens contraire la Via della Conciliazione afin de comprendre le sens juste de l’endroit.

La queue pour entrer dans la Basilique de Saint-Pierre, l’église la plus grande de la chrétienté, est supportable. Les grandes portes sont toujours ouvertes aux touristes qui la visitent tous les jours.

En passant les portes, ce qu’on voit est une foule bigarrée, une marée humaine, une tour de Babel où se mêlent toutes les races et les langues.

Seulement près du maître-autel peut-on marcher normalement. Dans les nefs latérales, tu peux racheter tes péchés à la carte : chaque confessionnal appartient à un ordre religieux. Les prêtres et les sœurs déambulent partout, entrent comme dans un moulin. C’est le pluralisme de l’Église Catholique !

L’intérieur de la Basilique est vraiment trop vaste, même pour la pensée. Il représente la théocratie et la puissance absolue du pontificat. Les dimensions de l’architecture, l’horreur des espaces vides du Baroque, la coupole, le baldaquin de bronze, les statues avec la mitre et la crosse papale, la crypte où sont enterrés plus de 180 pontifes, les trésors de la chambre mortuaire, les reliques…

Tout aboutit à une vérité : d’abord le Pape, ensuite le Saint-Esprit, après la Vierge et les saints et finalement Jésus-Christ.

Peu après, une procession de cardinaux et leur suite a passé par la nef principale. Voilà l’Église de Rome ! Ce sont les princes d’une aristocratie millénaire. Leur goût pour le luxe, l’ornement, la mise en scène du pouvoir (un pouvoir qui a défié même le ciel). Les inscriptions ciselées sur les altitudes de l’Église peuvent se résumer en une phrase : « Ce qui a été attaché sur la terre ne sera pas détaché au ciel ».

Il est normal que mon père ait dit une fois aux témoins de Jéhovah qui essayaient de lui vendre une bible dans la rue : « Désolé, je ne crois pas à la véritable religion, moins encore je croirai aux fausses ». 

viernes, 14 de julio de 2017

14 Juillet, Vive la France !

 

LA PREMIÈRE FOIS…

La première fois que j’ai voyagé à « l’étranger » (un concept qui n’existe plus aujourd’hui) fut quand j'ai fini le bac. J’avais 18 ans. Nous étions quatre amis du même cours qui décidèrent soudainement, comme les pèlerins du Grand Tour, de « connaître l’Italie ». Antoine, Manuel, Óscar et moi. À cette époque-là, les jeunes filles étaient des êtres vivants d’une autre planète.

Le père de Manuel prêta à son fils sa voiture, une Seat 1430, et un dimanche ensoleillé de juin, nous partîmes de Madrid. La mémoire à long terme s’arrête à la cabine du ferry-boat qui nous amena de Barcelone à Gênes en traversant le golfe du Lion. Je me souviens du sandwich au jambon que nous y mangeâmes. Après, l’autoroute du Soleil, le petit port de Rapallo, la pelouse brillante de l’ensemble historique de Pise, la grande place de Sienne, les pizzas de Guido, les ruelles de Venise, le camping Michelangelo à deux pas de Florence et, surtout, la merveilleuse église byzantine de Saint Vital de Ravenne au bord de l’Adriatique.

À Ravenne, Óscar et moi partagions une tente de camping. C’était le temps de faire des confidences à minuit. Mon camarade, enveloppé dans son sac de couchage et à moitié ivre à cause du vin, me dit à mi-voix que « finalement » il était prêt à me raconter un secret très intime que je ne pouvais même pas imaginer… Il s’agissait d’un mystère qu’il m’avait déjà annoncé pour la énième fois et qui, sincèrement, ne m’intéressait pas du tout. Mais bon… je gardai le silence, réprimai un soupir et m’armai de patience car j’étais sûr que pour rien au monde il ne se serait tu.

Mon Dieu ! Il avait tout à fait raison, je ne pouvais pas imaginer ça, le cochon, le salaud, était éperdument amoureux de la même fille adorable que moi ! Et, ce qui était encore pire, la méchante lui prêtait attention ! Après, je sus que ce n’était pas vrai. Je ne pus m’endormir avant de comprendre l’impossibilité métaphysique de ce que mon ami m’avait avoué. En tout cas, je décidai de le mettre à la fin du voyage dans la liste des ennemis dangereux. Quelques années plus tard, j’appris par sa meilleure amie qu’elle s’était mariée avec un pilote d’Iberia.

jueves, 14 de julio de 2016

14 Juillet, Vive la France !

 

LES ARMOIRES D'EAU

 

À Paris, les premiers « armoires d’eau » (water closet), appelés aussi d’une belle façon « cases d’aisance », datent de 1840 à l’initiative du préfet de police Rambuteau qui ordonna l’installation des toilettes dans tous les foyers de la ville. Cependant, il a fallu attendre vingt ans encore pour avoir des toilettes pour femmes, malgré l’avis de certains groupes féministes qui, sous prétexte de l’égalité homme-femme, n’acceptaient pas la séparation et revendiquaient des toilettes unisexes. Une célèbre représentante du mouvement féministe, Colette Duclos, écrivait : « La femme est capable de tous les exercices de l’homme sauf de faire pipi debout contre un mur ». Bien que l’idée de toilettes communes semble absurde, car la position unisexe est évidemment plus commode. Voilà un texte de l’époque : Uriner assis pour les hommes a beaucoup d’avantages ! D’abord le côté hygiène, uriner assis est plus propre. Ensuite, selon les scientifiques, uriner assis réduit les troubles de la prostate et contribuerait à une vie sexuelle plus longue et plus épanouie ! En conséquence, DEFENDU POUR LES HOMMES DE FAIRE PIPI DEBOUT ! Mais si la loi sur le papier a l’air bonne, l’application est assez difficile : imaginez-vous des agents de police suivant les hommes aux toilettes pour voir s’ils urinent de la bonne manière ! C’est drôle.

Pourtant, l’histoire est devenue toute différente. C’est à Paris où les toilettes des femmes et des hommes sont séparées pour la première fois. L’événement historique est arrivé pendant un bal de la haute société. À partir des années 50, toutes les maisons parisiennes étaient équipées de toilettes à l’intérieur… Alors qu’il restait encore plus de trois milliards de personnes qui étaient obligées d’utiliser la nature ou la rue.

sábado, 1 de agosto de 2015

14 Juillet, Vive la France !

 

LA TERRASSE PARTAGÉE

Il y a longtemps, je travaillais comme professeur à Majorque. Je donnais des cours au Lycée JMT où j’avais été muté. J’habitais dans l’arrondissement de Levante, rue de Can Capes. Ma petite amie, Marita, qui était majorquine, avait loué un joli appartement construit en 1960, situé dans un édifice de quatre étages et un rez-de-chaussée. La concierge, une veuve très commère mais attentionnée, vivait en dessous, au rez-de-chaussée ; au premier étage, un cuisinier qui préparait ses plats pour la ligne maritime Transmediterránea et qui passait plus de temps à bord du bateau qu’à la maison ; au deuxième étage, un couple gay d’Allemands à la retraite, tous les deux cadres de Deutsche Bank ; au troisième étage, Marita et moi. Finalement, au quatrième étage, vivaient une mère célibataire d’âge moyen très sympa et son fils, Marcos, à l'âge ingrat.

L’édifice avait une cour intérieure de 100 mètres carrés où l’architecte avait prévu de construire une piscine et un petit jardin, bien que les difficultés budgétaires aient empêché leur réalisation. Au printemps, le couple avait demandé au propriétaire du bâtiment la permission d’utiliser la cour commune pour s’amuser en cultivant un « charmant jardin partagé ». Quand Ulrich et Gunther ont demandé aux voisins leur avis sur le projet, personne ne s’est opposé. Au contraire, le plan est devenu un succès : la concierge a décidé de cultiver de belles tomates, la mère de Marcos a essayé d’obtenir du persil et d’autres condiments, Marita a acheté des pots de fleurs pour enjoliver la terrasse et les Allemands ont transformé la cour en une petite jungle tropicale. Deux mois après, à cinq heures, je venais de me réveiller de la sieste quand tout à coup Marita et son amie Claudia, une jeune pharmacienne, ont pris d'assaut la maison ; ma petite amie était au bord de la crise de nerfs :

- Les Allemands, cria-t-elle, les salauds ont cultivé un terrain de marijuana !

- Il n’y a pas de doute, a remarqué Claudia, cette herbe-là, je la connais très bien ! Voilà la preuve (et elle a mis sur la table quelques feuilles arrachées).

Le lendemain, j’ai visité Ulrich et Gunther et j’ai soulevé la question.

- Le terrain de culture de la terrasse, vous savez, ça ne me regarde pas, mais il faudrait repenser l’affaire si je vois des gens bizarres monter et descendre l’escalier à toute heure, le matin et la nuit, vous comprenez…

- Si nous avons de la visite, est-ce que cela vous regarde ? Ont-ils répondu en duo.

- Tout à fait, puisque nous partageons le bâtiment, de l’entrée jusqu’à la terrasse… Ou pas ? Pensez-y bien !

Pendant six mois, l’accord sur l'honneur a été respecté. Un dimanche matin, Marita est sortie à toute allure du balcon où elle prenait le petit déjeuner :

- Regarde en bas, ce n’est pas possible ! Les deux tourtereaux, joints grâce à des menottes, sont sur le point d’entrer dans une voiture de la police. Tu n’as rien à voir, j’espère…

- Absolument pas, je suis aussi surpris que toi.

La fin de la plantation : c’était la concierge, une femme tellement curieuse, qui s’en était rendu compte. Quelques jours plus tard, l’enquête de l’inspecteur Palomeque :

- Non monsieur l’inspecteur, nous ne savions pas du tout ce que nos voisins étrangers mijotaient. Ils avaient l’air de personnes très responsables… Mais, c’est la vie quand même.

lunes, 14 de julio de 2014

14 Juillet, Vive la France !


REGARDER UN TABLEAU

Joseph Wright (1734-1797) a été considéré comme le premier peintre qui a exprimé l’esprit de la Révolution Industrielle : la science, les machines, le progrès matériel, la recherche et ses conséquences sociales. Il avait de nombreux contacts avec les hommes d’affaires industriels. Wright était aussi un ami de chercheurs et de fabricants d'équipements de laboratoire et de nouveaux appareils. Il a également appartenu à la Société Lunaire, un club dédié à la discussion scientifique. La science devient la religion de la raison : les idées illustrées sur les lois naturelles, la supériorité de la méthode expérimentale, les grandes découvertes (Newton). De plus, c’était l’époque des grandes sociétés scientifiques, comme la Royal Society of London, et la considération de la science comme un loisir qui pouvait se pratiquer même à la maison... 

Le titre du tableau que nous allons regarder est : Une expérience sur un oiseau dans la pompe à air [An Experiment on a Bird in the Air Pump]. Voici d'autres titres de Joseph Wright : L'alchimiste à la recherche de la Pierre PhilosophaleUn philosophe donne une leçon dans le planétarium. Le tableau appartient à la collection de la National Gallery depuis 1863 et a toujours été considéré comme une des créations les plus suggestives de la peinture rococo et un chef-d'œuvre de l'art britannique. Il y a dix ans, j'ai eu l'occasion de l'admirer lors d'une exposition au Palacio Real de Madrid. De format moyen (2,44 x 1,83 m), il occupait le mur principal de la pièce. Je vous présente les personnages : les deux savants, l’assistant des savants, les deux jeunes filles et leur père, les deux garçons, le couple… et la colombe.




Sur le tableau prédominent les éléments narratifs. Vous connaissez déjà les acteurs de la représentation. Mais le spectacle, c’est comment ? La source de lumière, sortant du centre de la composition, sert à créer des effets dramatiques. L'expérience scientifique réalisée par le personnage aux cheveux longs devient une mise en scène vraiment théâtrale. En même temps, l’aspect du tableau est « sacré », comme s’il s’agissait d’une toile classique où l'expérience scientifique devient une cérémonie presque religieuse.

C’est la colombe le sujet principal qui réunit tous les personnages. Le savant démontre le principe physique du vide. Une pompe à air a fait le vide dans la bulle de verre où une colombe blanche (un symbole éthique ou poétique) est en train de rendre le dernier soupir.

La petite fille inquiète observe l’expérience comme si elle était le témoin de l'exécution d'un prisonnier sur la place publique ou, encore mieux, du martyre d'un saint. Sa sœur, pleine d’affliction, ne peut guère supporter l’agonie de la colombe et se cache le visage… À son tour, leur père, probablement un ami des savants, essaie de la consoler avec des arguments empruntés à la froide objectivité scientifique. 

À droite, un autre chercheur qui a certainement assisté à plusieurs reprises à l’affaire, regarde pensivement un bol dans lequel sont déposés dans le formol certains viscères. Il semble avoir en tête une pensée presque théologique : Nous sommes forcément comme la colombe, un organisme vivant destiné à une mort sans dignité.

L'assistant scientifique, un garçon qui connaît bien la situation et empathise avec les émotions des filles, ferme la cage où était enfermée la colombe. C’est triste : il n’a pas le visage d’un garçon de treize ans.

À gauche, deux invités contemplent curieux et amusés l’expérience. Ils sont intéressés par l’exécution de la colombe. Au-dessus, sans se préoccuper des explications, une jeune femme écoute attentivement les insinuations évidentes d’un bel homme occasionnel. C'est un cirque ! Le cirque de la vie même.